07/10/2017
Congo Requiem ( Jean Christophe Grangé 2016 )
Bizarrement c'est le même constat que je fais a la lecture des 700 pages de Congo Requiem suite de 'Lontano ' le précèdent roman de Grangé publié en 2016 ( et chroniqué ici ) a savoir une débauche de personnages excessifs et de scènes que l 'auteur presente volontairement comme outrancières et scabreuses
certes on retrouve le rythme et les chapitres courts qui dynamisent le récit et caractérisent Grangé mais j 'ai envie de dire 'trop c'est trop '
Grangé Jadis maitre de la noirceur ( un sujet parfaitement maitrisé dans ses précédentes œuvres (la ligne noire ," le passager ' la foret des Manes ") bascule ici dans un style qui se veut choc et qui flirte parfois avec le grand guignol
il ressuscite ici le terrible tueur ' homme-clou' et fait graviter autour de lui des personnages fantomatiques et tous dérangés , pas de place ici a une quelconque normalité tous les protagonistes de ce roman sont des personnages a la limite de la névrose ou plongé dans une totale folie ahurissante et destructrice
Avec cette galerie de portraits tous peu recommandables Grangé nous balade du Congo ,a la Suisse , en passant par Florence , Paris ou la Bretagne
Son roman au final est victime de cette surenchère de violence et de ses personnages tous décalées et extrêmes Qui finissent par décrébiliser l 'histoire et par user le (pourtant fidèle) lecteur que je suis .
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17/06/2017
La possibilité d'une île (extrait )
Chaque fois que nous ressassons notre passé , que nous revenons sur un épisode douloureux et c'est a peu près a cela que se résume la psychanalyse ,nous augmentons les chances de le reproduire et au lieu d'avancer nous nous enterrons.
quand nous traversons un chagrin ,une déception quelque chose qui nous empêche de vivre,nous devons commencer par déménager, brûler les photos , éviter d'en parler a quiconque .
Les souvenirs refoulés s'effacent ,cela peut prendre du temps mais ils s'effacent bel et bien .
le circuit se désactive
La possibilité d'une île -Michel Houellebecq (extrait)
12:49 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
La possibilité d'une île (michel Houellebecq)
o
Ou le talent inouï et le génie littéraire de Michel Houellebecq vous saute au visage avec le poème final qui donne son titre au roman 'la possibilité d'une île
Ma vie ,ma vie ma très ancienne
mon premier voeu mal refermé
mon premier amour infirmé
il a fallu que tu reviennes
il a fallu que je connaisses
ce que la vie a de meilleur
quand deux corps jouent de leur bonheur
et , sans fin s'unissent et renaissent
entré en dépendance entière
je sais le tremblement de l'être
l'hésitation a disparaître
le soleil qui frappe en lisière
et l'amour ou tout est facile
ou tout est donné dans l'instant
il existe au milieu du temps
la possibilité d'une île
La possibilité d'une île -Michel Houellebecq -(extrait)
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L'Oeuvre (Emile Zola)
Ah se replonger dans Zola et évidemment dans un volet de cette incroyable saga des Rougon Macquard avec qui j avais tissé dans mon adolescence une relation particulière.
Poussé par mon père qui avouait humblement avoir dévoré la saga ( 20 romans) avant ses 18 ans (et dans l 'ordre chronologique a savoir de 'la fortune des Rougon' au 'Docteur pascal ' ) j 'avais a mon tour été happé par les personnages de cette saga (sur cinq générations) incroyablement réaliste et offrant un regard social culturel et politique de son époque (le second empire) et faisant de Zola le maitre absolu d'un mouvement littéraire qu'on appellera 'le naturalisme '
J'avais donc a mon tour enchainé de nombreux romans de cette saga épique (qui offre au lecteur la possibilité de lire n'importe lequel de ses vingt volet sans être forcement contraint de respecter la chronologie
Ayant eu mon compte de misères , de noirceur et de souffrances a la lecture des chefs d'œuvres littéraires que sont 'Germinal ' " L assommoir ' 'le ventre de Paris ' ' Nana ' ' la bete humaine 'j'abandonnais lâchement Zola le retrouvant au travers des adaptations cinématographiques de ses livres au cours des décennies suivantes.
c 'est le sujet d'actualité autour de l 'amitié Emile Zola -Paul Cézanne ( pour la sortie du film "Cézanne et Moi " de Danièle Thompson ) qui me ramènera a lui et a " L'œuvre " le 14 eme roman des Rougon -Macquart qui sert de support pour le film
Cette relation amicale nouée des l adolescence a Aix en Provence entre les deux hommes est le ciment du livre de Zola ( écrit en 1886)
Zola nous fait découvrir dans 'L'œuvre ' le Paris des Salons mondains , l'ambiance des cafés d'artistes , au delà de sa vision du monde artistique des lettres et de la peinture Zola par sa plume nous entraîne au bout de la folie créatrice et dévastatrice d'un homme (Claude Lantier) obsédé par son art et basculant dans une folie autodestructrice autour d'un unique tableau qu 'il se veut etre son chef d'œuvre définitif
Dans aucun autre de ses romans Zola n 'aura autant payé de sa personne ni mis autant de lui même car évidemment le personnage de Pierre Sandoz l' ami et confident de Claude Lantier c 'est évidemment lui , c 'est forcement lui
Temoin des bouleversements artistiques de son epoque Zola s'en fait le porte parole et introduit dans son roman outre des artistes que l on arrive a identifier sans difficulté ( Cézanne bien sur mais aussi Manet , Courbet , Monet ) traitant au travers d'eux du bouleversement de la peinture moderne et de l 'arrivée majeure des peintres impressionnistes ( n'oublions pas que Zola a ete critique d'art avant de s'imposer comme l 'un des grands romanciers de son siècle)
l 'œuvre est un livre passionnant et totalement Édifiant, parfois effrayant mais absolument magistral sur le monde des arts alors en plein bouleversement et sur les personnages habités qui le composent
C' est aussi un terrible et tragique roman d'amour sacrifié ( entre Claude et Christine) et un livre sans concession sur l l'abnégation de l homme a son art
Un livre intense a la fois angoissé et absolument edifiant une œuvre aussi lumineuse que pessimiste .
12:28 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
10/06/2017
Bonjour tristesse (françoise Sagan)
Nous sommes en 1954 et la France vient de changer de président de la république René Coty succède a Vincent Auriol et c'est dans cette France un peu frileuse qui va voir bientôt sonner a sa porte des nouveaux mouvements culturels qui vont révolutionner la conception artistique : le rock'n roll -le pop-art - ou encore la nouvelle vague que paraît un petit roman écrit par une jeune fille de 17 ans.
Elle s'appelle Françoise Quoirez mais elle issue de la grande bourgeoisie parisienne ou il est plutôt préférable de devenir médecin ou avocat et sa famile ne croit pas un instant a la passion qui habite la jeune fille alors on lui demande de ne pas utiliser le nom de famille par peur d'un scandale et c'est ainsi que Françoise Quoirez devient et pour toujours Françoise Sagan en s'inspirant du nom d'un personnage chez Marcel Proust
Bonjour tristesse est le titre inoubliable qu'elle donne a cette premiere oeuvre remarquable de talent et de précocité qui va bouleverser la littérature par son culot et son avant-gardisme ou souffle un vent frais de liberté.
Traiter de liberté des mœurs et de sexualité en 1954 , en France de surcroit , n'est pas chose aisée et même si a relire en 2006 ce livre on se dit qu'il n'y a pas de quoi fouetter un chat cependant on se doute bien de l'impact et du scandale provoqué a l'époque de sa sortie chez Juillard .notamment évidemment en raison de l 'age de son auteur
Pour La france de l'époque ; la même qui manquera de s'étrangler devant Bardot dansant lascivement dans le film de roger Vadim 'et Dieu créa la femme deux ans plus tard , les états d'âmes mélancoliques d'une gamine de 17 ans qui passe l'été sur la côte d'azur dans la plus parfaite des complicités avec son séducteur de père peuvent sembler surfaits et dénués d'un quelconque intêret pourtant le sujet du roman qui dans un premier temps ne récolte qu'indifférence et mépris est bien plus profond qu'il n'y parait
Jamais vulgaire , toujours subtil ce roman que l'on lit en quelques heures fait partie de ces petits livres ( par leur épaisseur) mais qui marquent les esprits pour toujours au même titre que 'le vieil homme et la mer ' 'la métamorphose" - "des souris et des hommes "ou encore "Le petit prince".
C'est un livre qui va dépasser le cadre de la littérature classique car il est d'une telle modernité , d'une telle spontanéité qu'il va davantage oeuvrer pour la condition féminine que les agitations du mouvement M.L.F et va permettre une réelle prise de conscience sur ce sujet encore tabou.
Bien sûr on peut ne pas aimer l'arrogance tranchante de l'écriture de Sagan mais on ne peut en aucun cas nier l'impact de ce livre sur la libération des moeurs .
Dans les quelques pages ( a peine 150 pour l'edition de poche) qui composent le roman Sagan parvient a traîter des principaux sujets de la condition humaine l'amour - la jalousie -la réussite , la rancoeur - la vengeance mais aussi la liberté -le remords -l'egoisme -et la mort
Tout y passe et au travers des états d'âmes de la jeune Cécile c'est bien évidemment a chacune des femmes que s'adresse l'écrivain .
Malgré tout on ne peut étiquetter 'bonjour tristesse ' dans le cercle des ouvrages féministes et ce livre peut etre lu par n'importe quel homme tant l'écriture acide de Sagan dépasse le cadre de la dualité hommes/ femmes -
Pourtant Sagan gardait une certaine réserve sur cette liberté qu'elle évoquait et revendiquait dans son ouvrage et elle déclarait 25 ans apres "On a aussi peu de liberté maintenant qu'il y a vingt ans : faire l'amour était alors interdit aux jeunes filles ; maintenant c'est presque devenu obligatoire. Les tabous sont les mêmes".
Llre aujourd'hui ce petit livre épatant et formidable alors que Sagan nous quittée permet donc de prendre conscience de sa vision aiguisée sur son époque et sur ses contemporains .
Bonjour tristesse publié en 1954 pourrait tout aussi bien avoir été écrit en 1980 ou en 2000 c'est un livre qui ne reste pas figé dans son époque Bonjour tristesse n'a pas 63 ans il est intemporel .
16:36 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
27/05/2017
A l'ouest (Olivier Adam)
oui a l économie de mots
oui a l épure et au minimalisme littéraire
mais pas au détriment de la construction d 'un roman car ici c'est plutôt confus et parfois même a la limite de l 'incohérence
Olivier Adam dont j ai adoré certains ouvrages (" les lisières" , " Falaises" , "le cœur régulier ) n ' a cette fois pas réussi une seule minute a m intéresser aux trois personnages de son roman familial désenchanté dont le thème pourtant semblait clair (la fuite , la recherche de soi même ,la quête de l'amour)
Ni Marie, Ni Camille ni encore moins Antoine respectivement la mère , la fille et le fils n 'ont su déclencher chez le lecteur que je suis une quelconque empathie et j 'ai survolé ce (court) roman sans pénétrer dans leur univers respectifs et tourmentés.
une grosse déception cette fois mais j aime cet auteur donc je ne lui en tient aucunement rigueur.
chroniques sur Jimboland
" 'Falaises "
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14/05/2017
Lennon ( David Foenkinos )
C 'est un petit livre incroyable et étonnant
David Foenkinos formidable auteur de 'la délicatesse ' tente ( et reussit) un pari fou et insensé
écrire sur Lennon comme si il était Lennon lui même
Ainsi au travers des chapitres , chacun d'eux étant présenté comme une séance de psychanalyse On se balade dans la vie de John Lennon
Foenkinos se glisse avec malice et délicatesse dans la peau de Lennon et imagine cette séance de psychanalyse entre 1975 et son assassinat le 8 décembre 1980.
Le choix de cette période s 'explique par la mise en parenthèses artistique de Lennon , l'auteur d'Imagine" avait mis sa carrière entre parenthèses pour elever son deuxieme fils" Sean "
de L'enfance et ses déchirures terribles , du premier groupe de John a la rencontre avec Paul , george et Ringo , des premiers concerts chaotiques a Hambourg au ' cavern club ' mythique salle de Liverpool a jamais liée a l histoire des Beatles on se balade dans le cerveau torturé d'un artiste en construction
Des amours contrariés de jeunesse au mariage avec Cynthia , de l'arrivée de Yoko Ono dans sa vie aux rencontres multiples avec les grands artistes de son époque tout est passionnant car on croyait connaître Lennon et pourtant on le découvre ici sous ses bons (et moins bons) aspects
Foenkinos s'invente ici un double qui n 'est autre que Lennon lui même pour aborder les multiples facettes de cet artiste devenu universel
tout les sujets sont abordés sans complaisance (l'infidélité, la drogue, la vie avec et sans les Beatles, , la politique , l'inde et le Maharishi , la célébrité, la paternité le mal de vivre puis la renaissance a new York jusqu'à l'épilogue tragique final
Le tour de force de ce roman formidable est de nous faire oublier progressivement que ce n 'est pas de la plume de John Lennon que sortent ces mots qui nous bouleversent , nous etonnent , nous enchantent mais de celle de David Foenkinos qui l 'espace d'un roman reussit a entrer dans la peau et dans le crane de Lennon raconté ici sans concession ni pudeur et avec une authenticité formidable.
extrait
Il y avait toujours un con pour me dire qu'il adorait plus que tout Yesterday.
Je ne disais rien, mais bon, j'en ai rien à foutre de cette chanson. Elle est de Paul. Elle est complètement Paul.
J'ai dîné tellement de fois ans des restaurants où les musiciens du coin se mettaient à jouer Yesterday pour me faire plaisir. Faut être vraiment con pour croire que ça pourrait me mettre en joie.
extrait
Combien de cadavres dans notre armée ?
Bian Jones, Janis Joplin, Jimy Hindrix, Jim Morrison et tant d'autres.
De toute façon, je sais bien que, sans Yoko, je serai sur cette liste.
Elle m'a accompagné dans ma dérive, et ça a tout changé.
On meurt rarement à deux
extrait
J'ai trouvé ma moitié, celle avec qui je ne formerai qu'une personne. Partout où j'irai, elle sera avec moi. Certains y ont vu une aliénation du couple, alors que c'était tout le contraire. Avec elle, je venais de trouver la liberté. La liberté suprême, celle qui est au sein de toute fusion
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11/03/2017
Hippie Hippie Shake (Richard Neville)
C 'est un livre disons... quelque peu particulier
Il est l'œuvre d'un auteur témoin de son époque et de son temps , en effet son auteur Richard Neville ( décédé en 2016) est le fondateur du journal underground OZ
Oz Magazine sulfureux et politiquement incorrect sera publié d 'abord en Australie , le pays d'origine de Neville des 1963 puis a Londres a partir de1967
Neville nous propose dans 'Hippie Hippie Shake ' (sous titré ' rock , drogues sexe utopies voyage dans le monde merveilleux des sixties ") parallèlement au récit de l'aventure mouvementé du magazine underground depuis les balbutiements des débuts en passant par l 'épopée londonienne sans oublier les procès pour obscénité des témoignages instantanés de cette époque révolue et qui suscite encore beaucoup de fantasmes aujourd'hui a savoir , celle des swinging sixties
Roman témoignage donc un peu foutraque et désordonné a l'image de l 'époque qu'il retrace .Drogues , Musique , Engagements politiques ,Tout ici se télescope et le roman fourmille de références et de personnages qui ont construits cette société culturelle et artistique.
On y croise entre autres John Lennon , Lenny Bruce , Eric Clapton , robert Crumb , quantités d'artistes musiciens , écrivains , journalistes , des doux dingues et des vrais cinglés , des célébrités , des anonymes , des utopistes , des rêveurs ,
de Sydney a Katmandou , d'Ibiza a Londres ; de Tanger a New York le voyage psychédélique raconté par Richard Neville est tout aussi fascinant que déroutant
il reste au travers de ce 'hippie hippie shake ' le témoignage coloré et délirant d'une génération de tout les culots , de toutes les utopies , de tout les excès et de tout les combats, le témoignage aussi d'une époque charnière dans l'histoire de la société moderne et culturelle.
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15/01/2017
Sur le Rock (François Gorin )
François Gorin a été journaliste à Rock and Folk, puis au Matin de Paris, mais également à L'Événement et aux Inrockuptibles. Il est aujourd'hui critique de cinéma à Télérama.
Il a publié en 1996 aux Éditions de l'Olivier Sur le rock , un livre dont la lecture m'a non seulement passionné mais qui fut absolument fondamental pour moi.
Derrière cette magnifique couverture ou on retrouvait Dylan illustré par Guy Pellaert se cachait un drole de recueil présenté en neuf chapitres et qui contient près d'une centaine de réflexions de l'auteur sur la musique (pas seulement rock) et de ce qu'il en reste a l 'aube de l 'an 2000.
cet ouvrage est tout sauf une succession de dates ou d'évènements , il ne dresse pas non plus de listes ou ne propose aucun classement bien au contraire il se présente plutôt comme une balade et évoque avec pudeur et poesie des instantanés , des moments suspendus dans l 'histoire et dans le temps
Avec justesse, et sens de l épure , sans jamais chercher a convaincre ni a influencer le lecteur François Gorin nous emmène en balade au travers des neufs chapitres comme dans un évangile rock dont on ressort enrichi.
Avec lui pour guide nous traversons les époques , les genres musicaux nous croisons évidemment ceux que nous avons aimés , adorés, ceux que nous avions oubliés ,il y aussi ceux que nous découvrons pour la première fois
Comme un grand frère qui nous ouvre sa discothèque personnelle Francois Gorin nous régale , nous étonne , nous surprend et se fait le porte parole et le témoin de toutes les générations , de toutes les tendances,
A l' heure de "you tube" relire cet ouvrage en 2017 (je l'avais lu lors de sa sortie ) est un regal car on peut instantanément trouver l'illustration sonore dont parle l'auteur et ceci permet de mieux renforcer dans l'instant l 'impact du livre
Et puis il faut bien l'avouer c'est la lecture en 98 de cette" bible musicale" qui m'a donné l 'envie, le gout avec mes modestes connaissances et mes quelques phrases de vocabulaire (d'essayer) de chroniquer a mon tour
Avec Le temps qui sait ? j'arrivais a écrire une chronique qui pourrait atteindre 'au jardin de l 'intouchable' la merveilleuse reflexion de Francois Gorin sur 'five leaves left ' de Nick Drake , un pur moment de magie litteraire que je tiens évidemment a partager ici en conclusion.
Au jardin de l'intouchable - chronique de Francois Gorin ( sur le rock)
Au dessus de la photo il y a ecrit Nick drake en lettres anglaises et le titre 'Five leaves left ' on est en 1976 et l inconnu est mort depuis deux ans deja , il est mort méconnu a l 'âge de 26 ans
Serait-il vivant que rien n 'y changerait , sa voix est d'au delà , elle est comme une brise , elle est comme en équilibre sur des cordes qui auraient l 'épaisseur d'un fil, les cordes de guitare ou ses doigts se raccrochent et glissent, les cordes de violons d'un quatuor de chambre.
On rapporte le disque chez soi et soudain c'est un secret qui s'exhale comme le parfum d'une fleur .
On a découvert le plus beau disque du monde
Sa voix est un repli ; comme évaporée elle chante pour quelqu'un qui n'est même pas la qu'elle parle d'une femme ou d'une mouche les chansons sont proches de l'abstrait
c'est un frémissement qui les matérialise mais celui qui le ressent voir alors s 'ouvrir l'univers
10:42 Publié dans Culture, Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
07/01/2017
Love Song (Philippe Djian )
Je ne me l 'explique pas mais le fil semble être rompu entre Djian et Moi
cet écrivain que j'ai aimé , que j'ai adoré ne me procure plus les sensations et les émotions du lecteur assidu de ses bouquins que j 'ai longtemps été.
Les signes avant- coureurs de mon désintérêt progressif ont commencés au seuil des années 2000 avec 'vers les blancs ' puis avec ' Incidences 'ces deux ouvrages n 'ayant rien en commun en terme d'impact que ceux qui m'avaient envoutés dans les années 80-90.
J 'ai découvert Djian avec ' Echine ' ' Lent dehors ' ' Crocodiles ' 'zone érogène ' maudit manège' ' Sotos ' et bien sur ' 37°2 , le matin et sa formidable adaption par Jean -Jacques Beineix
Non seulement je pénétrais un univers littéraire qui m'ensorcelait et me parlait mais Djian m'ouvrait vers des horizons nouveaux , c'est par lui (au travers des préfaces, des entretiens , des interviews) que je découvrais Richard Brautigan , John Fante , C'est lui qui me ramenait aussi vers Charles Bukowski que j'avais tres peu (trop peu) lu bref Djian était a mes yeux un auteur contemporain Français qui comptait dans ma vie culturelle et dont l'œuvre m 'enchantait véritablement .
Love Song donc , un bien joli titre de bouquin avec un sujet et des personnages qui me laissaient entrevoir qu'entre lui et moi ca pouvait a nouveau fonctionner mais malheureusement entre nous a l'image de Daniel et Rachel le couple de 'love song ', les choses se sont désintégrées et la magie n'opère plus
j 'ai donc subit ( a défaut d'apprécier ) la lecture de ce roman , évidemment j 'aurais tellement aimé qu'il en soit autrement , mais rien au fil des pages n 'a rallumé la flamme.
Sans doute je m'attendais un peu trop a retrouver la plume acide et très rock 'n roll de mon Djian passé ce n'est assurément pas le cas ici ou du personnage central de Daniel aux autres protagonistes décalés de ce livre triste et plat rien dans 'love song ' ne m'a ému ni même sensibilisé
Même le milieu de la musique que Philippe Djian pourtant connaît plutôt bien (ses références musicales de Dylan a Leonard Cohen sont irréprochables et on connaît la valeur de sa collaboration depuis des années avec Stephan Eicher ), est décrit ici avec une fadeur qui jamais ne nous passionne.
Ou sont passées les fulgurances , qu'est devenu le ton acéré d'écriture du plus americain de nos auteurs Français ? J'ai clairement passé la lecture de ce roman a me le demander
trop exigeant.....sans doute mais nous le sommes toujours davantage avec ceux qu'on aime ou qu'on a aimé.
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10/11/2016
Dora Bruder ( Patrick Modiano)
Certains petits livres ( Dora bruder fait 140 pages a peine) peuvent etre révélateurs de messages et permettent parfois de procurer des émotions et des interrogations dignes de certaines grandes œuvres romanesques ou historiques.
Dora Bruder fait incontestablement partie de cette catégorie
Modiano tombe a la fin des années 80 sur une annonce parue dans Paris-Soir au 31 décembre 1941: «On recherche une jeune fille, Dora Bruder, 15 ans, 1,55 m, visage ovale, yeux gris-marron, manteau sport gris, pull-over bordeaux, jupe et chapeau bleu marine, chaussures sport marron. Adresser toutes indications à M. et Mme Bruder, 41, boulevard Ornano, Paris.»
Patrick Modiano retrouvera le nom de Dora Bruder dans le Mémorial de la déportation des juifs de France, publié par Serge Klarsfeld quelques années auparavant en 1978.
Cette destinée tragique va le hanter et il va tacher avec ce livre de retracer le parcours de la jeune disparue
A mi chemin entre enquête et biographie ce roman qui se dévore en quelques heures a peine nous passionne et nous émeut et fait de chaque lecteur le témoin des recherches d'un Modiano romancier détective dans les bas fonds du Paris sous l'occupation
Qui était Dora Bruder?
A quelle école allait-elle? Qui étaient ses parents ? ses amis ?
Pourquoi a-t-elle fui le domicile familial?
Comment a-t-elle survécu pendant sa longue escapade?
Comment a-t-elle été arrêtée et emmenée à Drancy?
C'est aussi la quête encore et toujours pour Modiano de la vérité sur un passé de notre histoire qui habite beaucoup de ses œuvres et autour de thèmes qui lui sont chers ( l'identité, l 'héritage du père, l 'obsession de comprendre l 'horreur du nazisme et de la déportation, le poids des secrets)
Pour Modiano c'est clair il y a du Dora Bruder dans chaque victime de la barbarie nazie mais aussi dans chaque survivant de l ' holocauste et évidemment il y a du Dora Bruder en lui
En filagramme de ce jeu de piste formidable et bouleversant Modiano fait des incursions dans son propre passé revenant sur son propre parcours , sa propre histoire.
Ce livre pourtant peuplé d'ombres et de fantômes n 'est pourtant pas un livre austère mais plutôt un livre de mémoire et de réflexions ( et sans doute d'exorcisme pour son auteur)
A l'image du Journal d' Anne Frank il nous dresse le portrait terrible et définitive d'une vie volée
Ce sont des personnes qui laissent peu de traces derrière elles. Presque des anonymes. Elles ne se détachent pas de certaines rues de Paris, de certains paysages de banlieue, où j'ai découvert, par hasard, qu'elles avaient habité. Ce que l'on sait d'elles se résume souvent à une simple adresse. Et cette précision topographique contraste avec ce que l'on ignorera pour toujours de leur vie - ce blanc, ce bloc d'inconnu et de silence
( Patrick Modiano - Dora bruder extrait)
inauguration de la promenade Dora Bruder a Paris en 2015
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15/08/2016
Autour de Maupassant
A l 'occasion d'une promenade ensoleillée au cimetière Montparnasse et au détour de la tome de Guy De Maupassant me reviennent les quelques réflexions de l 'auteur de "Bel -Ami" ou du" Horla "
Condamné par une syphilis contractée en 1877 a l'âge de 27 ans l'écrivain posera un regard lucide et cynique sur cette maladie qui ruinera les dernières années de sa vie .
Apres une tentative de suicide désespérée en 1892 il finira par mourir a l'été 1893 a l 'âge de 42 ans
A propos du mal qui le ronge il confiera a son ami , le romancier Ivan Tourgueniev cette analyse terrible
"J'ai la vérole ! enfin la vraie, pas la misérable chaude-pisse, pas l'ecclésiastique christalline, pas les bourgeoises crêtes de coq, les légumineux choux-fleurs, non, non, la grande vérole, celle dont est mort François Ier. Et j'en suis fier, malheur, et je méprise par-dessus tout les bourgeois. Alléluia, j'ai la vérole, par conséquent, je n'ai plus peur de l'attraper ."
18:50 Publié dans arts, Culture, Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
28/06/2016
RIP Maurice G Dantec (1959-2016)
Je me souviens au milieu des années 90 du choc et de la terrible claque provoquee par la découverte des 'racines du mal ' le oman policier futuriste de Maurice G Dantec
J 'ai souvent dit autour de moi que les 100 premières pages apocalyptiques et effrayantes de ce livre sont a jamais marquées dans ma mémoire
Cet OVNI littéraire brulant et cinglé faisait avec fracas entrer son auteur dans mon panthéon des écrivains incontournables
remontant dans l'oeuvre de Dantec je dévorais 'la sirene rouge ' son premier roman polar (1993) furieux et haletant (et pourtant si mal adapté au cinéma une dizaine d'années plus tard)
Babylon babies en 1999 (encore une adaptation calamiteuse au cinéma ) venait a l 'aube des années 2000 , confirmer le Talent de cet écrivain halluciné se posant en héritier des grands auteurs de SF (on pense notamment a Philip K Dick , l 'une des références avouée de Dantec)
Ecrivain rock, écrivain punk, cyber écrivain , Dantec enfant de la banlieue parisienne est venu a l 'écriture après un passage par la musique post punk (il a formé le groupe Artefact puis collaborera avec Richard Pinhas pionnier de la musique industrielle en France )
L'écrivain et sa plume électro - choc vont trouver un large public notamment chez les lecteurs de 30 40 ans , il va en quelques années devenir un romancier culte pour toute une génération et multiplier les prix pour ses trois premiers romans
Admirateur de Burroughs, de Céline et de James Ellroy Dantec semblait avoir trouvé une voie royale d ns un genre littéraire nouveau mais la suite fut plus délicate
De plus en plus orienté vers la science fiction et les technologies nouvelles son écriture se complique , et déroute le lecteur qui décroche peu a peu
Quittant la France pour le canada des 1998 ses prises de positions politiques pro -bush et ses embarrassantes déclarations sur l islam vont le marginaliser et engendrer des conflits successifs avec les maisons d'édition.
Se proclamant écrivain nihiliste ,romancier de la fin des temps l auteur semble en perte de vitesse ;ses romans aux accents apocalyptiques sont desormais clairement orientés vers la SF "(Villa vortex " " cosmos incorporated ' )
'les résidents " son dernier ouvrage paraitra en 2014
Ecrivain torturé et complexe voix singulière et atypique de la science-fiction francophone, Maurice G. Dantec, est mort à l'âge de 57 ans d'une crise cardiaque , laissant derrière lui une œuvre d'un pessimisme et d'une noirceur aussi fascinante que dérangeante .
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04/06/2016
Lontano (Jean-Christophe Grangé 2015)
Romancier a succes depuis l 'explosion médiatique des 'rivières pourpres ' en 1998 Grangé livre avec ' Lontano ' son onzième roman , un pavé de 800 pages que ses lecteurs (ils sont nombreux) attendaient depuis 'Kaiken ' paru en 2012.
Si , mis a part 'les rivières pourpres 'brillamment mis en scène par Mathieu Kassovitz l'écrivain n 'a pas été gâté par les adaptations de ses romans au cinéma (" l 'empire des loups" , "miserere", "le vol des cigognes" '"le concile de Pierre ") tous calamiteux et ratés il bénéficie cependant d 'une place et d'une notoriété de choix parmi les romanciers Français
Lecteur assidu de ses romans que j'ai souvent beaucoup aimés , j'étais resté sur une impression "mi figue-mi raisin " après 'Kaiken ' thriller a la japonaise ' qui m'avait déçu et j'espérais avec 'Lontano ' retrouver l 'intensité et le rythme haletant si particulier propre a l 'auteur.
Malheureusement au bout des 800 pages et du périple autour du clan des Morvan je suis malgré tout encore déçu et même si 'Lontano ' reste plaisant (les chapitres souvent très cours en facilitent pourtant la fluidité) l'ensemble s'avère au final assez indigeste ( personnages stéréotypés et volontairement complexes et torturés , situations extrêmes souvent invraisemblables , intrigues parallèles sans intérêt )
La traque du terrifiant 'homme -clou' le tueur mystique qui ressurgit de la nuit des temps africaine est a mon sens polluée par de trop nombreuses situations parallèles et par des personnages secondaires sans intérêt.
A trop vouloir jouer sur la surenchère extrême de situations et de personnages et a privilégierl l'horreur au suspense pur, Grangé nous condamne chapitres après chapitres a une lente indigestion.
L'epilogue qui se veut surprenant nous apparaît au final très ' tiré par les cheveux ' Grangé nous faisant pour la première fois le coup du ..... a suivre
Son dernier roman ' Congo requiem " (paru en mai 2016) se posant en suite africaine de ce 'Lontano ' thriller moyen et a la limite du fantastique , un roman qui se situe bien en deca de ses meilleurs livres ("l'empire des loups " en 2003 ' le passager' en 2011 ou encore 'la ligne noire "en 2004)
10:24 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
12/04/2016
A quand la fin du mythe pour le Che
A l'heure nous approchons du cinquantieme anniversaire de la mort du Che il sera vraisemblablement l'occasion d'hommages appuyés ou de commémorations diverses ,c 'est inévitable.
Pourtant il faudra bien que tôt ou tard on assiste a une perception nouvelle sur la veritable personnalité de l'icône révolutionnaire.
Le plus virulent des ouvrages qui écornent (le mot est faible) le mythe d'Ernesto Che Guevara est sans aucun doute celui de Jacobo Machover " la face cachée du Che "
L'auteur dénonce l'image tronquée d'un révolutionnaire humaniste que l'on nous vend depuis des décennies en rappelant les methodes sanguinaires et si ,évidemment on ne fait ni la guerre ni la révolution sans verser le sang on est en droit de s'interroger sur le statut de demi-dieu que le 'che' a acquis en partie grâce a une intelligentsia aveuglée par un idéalisme parfois malsain.
Si l'image du "Che" reste le symbole absolu de la lutte et d'une certaine forme de révolte il ne faut pas oublier qu'elle prend ses raçines dans le terreau soviétique du goulag et du stalinisme .
Les mythes et les symboles ont la vie dure et a l'heure ou l'U.R.S.S et le Mur de Berlin ne sont plus qu'un souvenir le monde continue d'entretenir une aura quasi divine autour d'un homme qui au bout du compte ne fut que le pantin d'un sanguinaire dictateur .
Une jeunesse inculte aborde tee shirts , bandanas et tatouages a l'effigie d'un homme qu'elle considère comme un martyr .
En fait l'homme était un tortionnaire illuminé et cruel et en l 'assimilant et en le rangeant dans la catégorie des Jim Morrison ,John Lennon ou encore Bob Marley on oublie que si ces derniers peuvent représenter une certaine idée de la liberté contestataire ils ne sont a ma connaissance responsable de la mort de personne .
La terrible description d'un Guévara fumant son havane allongé sur sa paillasse comme un empereur romain et assistant hilare aux exécutions et privant ses prisonniers de procès me fait tout simplement frémir et me remplit de dégoût .
Mais le 'Che ' au final ne faisait que mettre en application sa terrifiante conception barbare de la justice ' "N'utilisez pas les méthodes bourgeoises légales. Les preuves sont secondaires, "car telle etait sa vision des choses , telle etait l'idéologie de celui qu'on surnommait 'le boucher de Cabana " et éxécuteur des basses oeuvres pour un Castro manipulateur .
Abattu au lendemain de sa capture par l'armée bolivienne dans le canyon de Yuoro l'homme se serait écrié " 'ne tirez pas je suis Che Guevara je vaut bien davantage mort que vivant " revers de la médaille pas de procès non plus pour lui , tué par un soldat ivre malgré les efforts des américains qui souhaitaient le garder en vie devinant que sa mort transformerait le combattant en martyr universel ce qu'il devint inévitablement .
Laissons donc Jacobo Machover le soin de conclure par une toute petite phrase qui résume a elle seule le paradoxe Guevara ' L'ange était un démon, et sa pulsion la destruction".
a voir ICI l'interview de Jacobo Machover
http://www.dailymotion.com/video/x311zb_jacobo-machover_d...
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30/03/2016
Fuck America ( Edgar Hilsenrath 1980)
Ce Livre n est pas politiquement correct
Ce livre ne ressemble a aucun autre
Ce livre est un chef d œuvre d' humour décalé qui passe du rire aux larmes avec une sincérité et un sens du caustique époustouflant
Ce livre est l 'autoportrait sans concession de l 'auteur lui meme baptisé ici Jakob Brodsky juif allemand rescapé du ghetto et qui débarque dans les rues du new York des années 50
Personnage hors du commun revenu de tout Brodsky est semi clochard , fainéant , obsédé , alcoolo , crasseux mais débrouillard comme personne
Malgré cette existence minable, il nourrit un grand projet qui lui permet de ne pas devenir fou : un roman sur le ghetto pendant la guerre, un roman qu’un Juif excentrique lui suggère d’intituler " Le Branleur "
Quelque part entre le Harry Black de Hubert Selby Jr ( Last exit to Brooklyn) l'Ignatius de John kennedy Toole (la conjuration des imbéciles) et l'Arthuro Bandini de John Fante le personnage hallucinant et halluciné de Brodsky règle a la fois ses comptes avec son douloureux passé et aussi avec une Amérique bien pensante et qui avait refusé d 'accueillir ses parents en 1938
Un Livre a la fois féroce et outrancier mais qui sait devenir bouleversant , un auto portrait cynique qui ne respecte ni règles ni codes de conduite
un "Fucking Book" a lire de toute urgence
extraits choisis
"J'ai compris qu'il ne suffit pas de survivre. Survivre n'est pas assez. J'ai aussi compris que la naissance de chaque être est en même temps sa condamnation à mort, et je me demande quel sens cela peut avoir"
"je passe en traînant les pieds devant la file des hommes qui pissent. Je fais gaffe de ne pas glisser sur le sol crasseux. Manquerait plus que je me brise la nuque ici , moi, Jakob Bronsky, qui ai survécu à la guerre"
"Ce matin-là, je n’arrivais pas à calmer ma bite. A la maison, j’ai pris une douche froide illico. Ça n’a servi à rien. J’ai pensé à Auschwitz. En vain"
"Je ne sais pas pourquoi, les jobs, ça ne marchait pas. Soit on me virait au bout de quelques heures, soit je gagnais si peu que le lendemain je n'y retournais même plus."
"vous écrivez un livre?"
"J'écris un livre."
"Sur la vie dans le ghetto?"
"Sur la vie dans le ghetto."
"Sur l'hécatombe?"
"Sur l'hécatombe."
"Sur le désespoir?"
"Sur le désespoir."
"Ecrivez-vous aussi sur l'espoir?"
"J'écris aussi sur l'espoir."
"Rien d'autre?"
"Rien d'autre... sauf la solitude que chacun de nous porte en lui. Moi compris."
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18/12/2015
Jerome David Salinger (1919-2010) ou la retraite volontaire
« Si vous avez réellement envie d’entendre cette histoire la première chose que vous voudrez savoir c’est ou je suis né, ce que fut mon enfance pourrie, ce que faisaient mes parents avant de m’avoir. Enfin toute cette salade à la David Copperfield mais à vous parler franchement je ne me sens guère disposé a entrer dans tout ça.
En premier lieu ce genre de truc m’ennuie et puis mes parents piqueraient une crise de nerfs si je racontais quelque chose de gentiment personnel à leur sujet. Ils sont très susceptibles la dessus surtout mon père. Ils sont gentils et tout, je ne dis pas, mais ils sont bougrement susceptibles, d’ailleurs je ne vais pas vous faire ma saleté d’autobiographie ni rien. Je vais juste vous parler de ce truc idiot qui m’est arrivé au dernier noël. Juste avant que je tombe malade et qu’on m’envoie ici pour me retaper ».
Ainsi commence l’un des plus grands livres de la littérature moderne , chef d’œuvre incontournable et inoubliable ; lu et relu par des générations d’adolescents qui vont faire de ce livre unique un livre culte, peut être le plus authentique des romans d’apprentissage de la vie et qui va dresser pour des milliers de lecteurs un pont entre le monde de l’enfance et l’âge adulte
The Catcher in the rye est le titre américain de ce livre mais il sera traduit en français l’attrape cœur par référence à l’accroche cœur de Boris Vian publié quelques années auparavant.
L’attrape cœur, avec humour tendresse et ironie nous raconte les trois journées de déambulation à travers New York, d’un adolescent américain Holden Caufield, qui renvoyé dès son école hésite à rentrer chez lui. Ses rencontres, ses joies , ses peines son errance à la recherche de soi même et des autres vont faire de Holden Caufield non seulement, l’un des plus marquants personnages de la littérature du XXè siècle mais également un symbole de liberté et de la fin des rêves qu’entraîne le passage de l’adolescence à l'âge adulte.
L’attrape cœur a donc été publié en 1951 et l’homme qui l’a écrit est devenu l’un des plus mystérieux écrivains de ce siècle, son nom devenant au fil des ans synonyme à la fois de paranoïa, de génie, de folie ou de sagesse il s’appelle Jérôme David Salinger.
Né en 1919 à new York, de père juif et de mère catholique Salinger a 32 ans lorsqu’il écrit l’attrape cœur qui va devenir le chef d’œuvre de sa vie en 1951 ; le romancier qui n’écrira que 4 livres durant toute sa vie va dès 1965 se retirer du monde pour vivre reclus dans un monastère du New Hampshire refusant toutes interviews et toutes photographies devenant année après année un véritable mythe vivant.
Dès 1948 Salinger devient la coqueluche du journal the New -Yorker à la suite de la publication pour le quotidien d’une nouvelle appelée « un jour rêvé pour le poisson banane »
Mais ces nouvelles où apparaissent déjà la verve unique de l’auteur ne seront publiées pour le grand public seulement en 1953, deux ans après le raz de marée médiatique et populaire de l’attrape cœur .
Outre ce recueil de nouvelles où l’on retrouvera ‘Un jour rêvé pour le poisson banane les autres livres publiés par Salinger seront franny & Zooey(1961) et dressez haut la poutre maîtresse , charpentiers (1963)
Depuis 40 ans passés et jusqu'à sa mort en 2010 Jérôme David Salinger n’aura quasiment plus donné signe de vie ; sa fille Margaret Ann Salinger, qu’il a eue de son second mariage avec Claire Douglas, publie en 2000 L’Attrape-Rêves une autobiographie à propos de son père.
Dans ce livre controversé, Mlle Salinger prétend que son père buvait sa propre urine et avait des rapports sexuels avec sa mère qu’il gardait prisonnière en refusant qu’elle voit ses amis ou ses connaissances.
L’auteur curieusement ne fit rien pour arrêter la publication du livre, mais n’adressat plus la parole à sa fille depuis cette parution
Accusé tour à tour d’appartenir à l’église scientologie puis d’être sous l’emprise d’un gourou indien, Salinger n’a pourtant fait qu’appliquer une certaine philosophie de vie lui qui écrivait dès 1952 « ma conviction, assez subversive,c’est qu’un écrivain doit suivre son inclination afin de rester rester dans l’ombre et l’anonymat
En 2002, plus de 80 lettres d’écrivains, critiques et fans adressées à Salinger furent publiées dans le livre Letters to J. D. Salinger, édité par Chris Kubica.
Pour diverses raisons Salinger reste un personnage totalement à part dans l’histoire de la littérature américaine ,ami du grand Hemingway, témoin de l’invasion nazi en Pologne, il était sur le front du débarquement en Normandie et on le retrouve à Paris le jour de la liberation
S’enfonçant de plus en plus dans une retraite volontaire, il interdit la publication de 22 nouvelles et tandis qu’il disparaît de la vie sociale ‘the catcher in the rye’ -dont on peut dire raisonnablement qu’il s’agit là de son seul et véritable roman se vend a des milliers d'exemplaires
Livre essentiel de la littérature contemporaine, livre culte ,le succès de l’attrape cœur dure depuis sa parution en 1951 et année après année ce roman qui se détache de par son ton unique d’un académisme littéraire propre à l’après -guerre va s ’imposer comme un livre de référence et comme une œuvre incontournable .
C’est aussi pour d’obscures raisons que la lecture de ce livre poussera ,dit-on, Mark Chapman à assassiner John Lennon un soir de Décembre 1980.
Chapman qui après avoir abattu l 'ex Beatles attendra sagement la police en lisant l 'attrape cœur pour la énième fois
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15/12/2015
Le Danemark a t 'il sauvé Céline
Parmi les personnages officiels du gouvernement de Vichy ;les militants ;les journalistes de radio Paris et les membres de la Milice qui composaient la colonie française réfugiée à Sigmaringen au Danemark se trouvait l’un des plus grands écrivains de l’histoire : Louis -Ferdinand Céline.
Le dimanche 16 décembre 1945 le quotidien danois "Politiken" titrait "un nazi se cache à Copenhague".
Dès le lendemain l’écrivain était écroué sur ordre du chef de la légation de France au Danemark.
Depuis septembre 1944 le C.N.E (comité national des écrivains) dirigé par les principaux écrivains de la résistance (Camus,Sartre,Mauriac,Malraux ) avait publié une liste noire des écrivains discrédités.
En tête de cette liste figurait Céline en compagnie d’Henry de Montherland.
En janvier 45 les œuvres des auteurs discrédités furent retirées des rayons des libraires et renvoyées aux éditeurs.
Celui qui avait pris la fuite en mars 45 alors que la défaite allemande ne faisait plus aucun doute échappa donc à l’épuration officielle qui frappa notamment Brasillach et Suarez tous deux condamnés à mort et fusillés.
Les deux "chefs-d’œuvre" incontestables de la littérature que sont Mort à Crédit et Voyage au bout de la nuit ne peuvent hélas, pas faire oublier les pamphlets violents (bagatelle pour un massacre , les beaux draps ou encore l’école des cadavres) dans lesquels Celine dénonce tour à tour le communisme, le nationalisme , la démocratie et surtout les juifs et si Drieu de La Rochelle autre grand auteur discrédité avait préféré le suicide en Mars 45 Celine lui choisit l’exil.
L’extradition de l’écrivain fut retardée car le ministre danois des affaires étrangères du Danemark désirait obtenir des précisions sur les charges retenues contre Céline et l’affaire resta en suspens jusqu’au début de l’année 1947.
En février 47, l’écrivain affaibli, malade fut transporté à l’hôpital national de Copenhague où il resta quatre mois avant d’être libéré sur parole.
Le docteur Destouches (véritable nom de Céline ) convaincu d’être assassiné -s’il revenait sur sa terre natale- resta au Danemark jusqu’à l’été 1951. Par ailleurs les tribunaux français l’avait condamné par contumace à un an de prison ferme, 50.000 francs d’amende, à la confiscation de ses biens et la dégradation nationale.
Après la dissolution de la cour de justice en février 51 les tribunaux militaires jugèrent en appel les arrêts rendus en 49 en prenant en considération le statut d’ancien combattant de la grande guerre (au cours d’une périlleuse mission ou il s’était porté volontaire le docteur Destouches fut grièvement blessé et reçut la médaille militaire)
Céline rentra donc en France amnistié et finalement s’installa à Meudon où il reprit ses activités littéraires jusqu’à sa mort en 1961.
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21/11/2015
Les anges n 'ont rien dans les poches (Dan Fante 1996)
Dans sa préface Dan Fante écrit : Voici donc mon premier roman. de tous les livres que j'ai écrit, il reste mon préféré. Pendant que je le tapais à la machine d'une main, j'avais l'impression de tenir un flingue dans l'autre.
car oui de toute évidence C'est vraiment le ressenti que l'on a tout le long de « rien dans les poches », ce sentiment d'urgence, de besoin d'écrire, de cette rage. On ressent l'auteur à la limite du pétage de plombs intégral
et quel incroyable premier roman qui a l image du premier roman de son pere ("la route de Los Angeles " ) fait l 'effet d'un électrochoc
Dan né en 1944 est donc le fils de John écrivain qui bien que découvert tardivement a la fin des années 80 (après sa mort en 1983) est désormais considéré comme un écrivain culte e t majeur de l 'Amérique des sans grades , des oublis , des exilés .Ce n 'est évidemment pas un héritage facile et ce fils déjanté ,perturbé parfois incontrôlable va grandir dans le chaos et l'ombre d'un géant de la littérature en devenir
un fils qui venu tardivement a l 'écriture (il nous offre cette merveille a 52 ans) après une vie dissolue pour ne pas dire totalement instable ou de petits boulots d'appoints ( chauffeur, vendeur, détective privé , laveur de carreaux , veilleur de nuit) en périodes de graves dépressions suicidaires sur fond d'alcool et de drogues traine son mal être et ses dérives avant de les coucher sur papier pour exorciser sa souffrance et nous offrir ce livre totalement autobiographique et profondément bouleversant d'intensité
il réussira a se faire publier grâce a une maison d 'Edition française notamment grâce au soutien de la chanteuse April March
un premier roman inoui ou les références outre inévitables avec John fante sont a chercher du cote d'Hubert Selby Jr ou de William S Burroughs
un roman délicieusement outré et rock 'n roll ou l 'auteur se met courageusement a nu sans concession avec une authenticité bouleversante
a noter que le livre sera réédité en 1998 puis en 2011 sous un titre plus court 'rien dans les poches '
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06/10/2013
Le Coeur regulier (Olivier Adam 2010)
Romain et Anaïs étaient devenus de longs adolescents dégingandés et mutiques, fuyant mes baisers et se soustrayant à mes étreintes comme à mes questions, s’enfermant dans leurs chambres dès que je rentrais du travail, je les regardais interdite, me demandant où avaient bien pu passer mes enfants et leurs yeux dévorants, suspendus au moindre de mes gestes à la moindre de mes paroles, me couvrant de leurs lèvres me répétant qu’ils m’aimaient à longueur de journée. J’avais beau les regarder et tenter d’établir une continuité entre mes tout-petits lovés contre moi sur la plage, dans le lit ou le canapé et ces étrangers qui vivaient dans ma maison et n’attendaient plus de moi que des repas chaud, du linge propre, de l’argent de poche et des autorisations de sortie les plus larges possibles je n’y parvenais pas, c’était une chose déchirante et secrète, un sentiment d’une perte impossible à partager, un deuil sans objet qui laissait en moi une nostalgie glacée, un froid polaire, un désert.
Au delà du mal être, de la douleur du deuil des difficultés a être pleinement heureux a se sentir vivant Olivier Adam et sa plume toujours juste entre tendresse et cruauté livre avec 'le cœur régulier' un livre magnifique , épuré a l'image du Japon pays dont l'auteur a fait la toile de fond de son livre.
C 'est aussi et surtout un livre ou l' on aborde un thème tabou 'le suicide' Olivier Adam en parle ici avec douceur et pudeur au travers d'un fascinant personnage Natsume Dombori le vieillard sage qui sauve et soigne avec ses mots les désespérés venus se jeter des falaises
On sait la place du suicide dans la culture nipponne et c'est au travers de cette perception , de cette fascination que l'auteur tisse son roman et construit ses personnages profitant pour dresser un portrait sans concession et acide de notre époque et de notre vision occidentale du monde moderne
un grand livre tout en émotion et en retenue
lire la chronique Mihara- Yama le volcan aux suicides sur jimboland
http://jimboland.hautetfort.com/archive/2006/07/21/mihara...
16:24 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)