10/06/2017
Bonjour tristesse (françoise Sagan)
Nous sommes en 1954 et la France vient de changer de président de la république René Coty succède a Vincent Auriol et c'est dans cette France un peu frileuse qui va voir bientôt sonner a sa porte des nouveaux mouvements culturels qui vont révolutionner la conception artistique : le rock'n roll -le pop-art - ou encore la nouvelle vague que paraît un petit roman écrit par une jeune fille de 17 ans.
Elle s'appelle Françoise Quoirez mais elle issue de la grande bourgeoisie parisienne ou il est plutôt préférable de devenir médecin ou avocat et sa famile ne croit pas un instant a la passion qui habite la jeune fille alors on lui demande de ne pas utiliser le nom de famille par peur d'un scandale et c'est ainsi que Françoise Quoirez devient et pour toujours Françoise Sagan en s'inspirant du nom d'un personnage chez Marcel Proust
Bonjour tristesse est le titre inoubliable qu'elle donne a cette premiere oeuvre remarquable de talent et de précocité qui va bouleverser la littérature par son culot et son avant-gardisme ou souffle un vent frais de liberté.
Traiter de liberté des mœurs et de sexualité en 1954 , en France de surcroit , n'est pas chose aisée et même si a relire en 2006 ce livre on se dit qu'il n'y a pas de quoi fouetter un chat cependant on se doute bien de l'impact et du scandale provoqué a l'époque de sa sortie chez Juillard .notamment évidemment en raison de l 'age de son auteur
Pour La france de l'époque ; la même qui manquera de s'étrangler devant Bardot dansant lascivement dans le film de roger Vadim 'et Dieu créa la femme deux ans plus tard , les états d'âmes mélancoliques d'une gamine de 17 ans qui passe l'été sur la côte d'azur dans la plus parfaite des complicités avec son séducteur de père peuvent sembler surfaits et dénués d'un quelconque intêret pourtant le sujet du roman qui dans un premier temps ne récolte qu'indifférence et mépris est bien plus profond qu'il n'y parait
Jamais vulgaire , toujours subtil ce roman que l'on lit en quelques heures fait partie de ces petits livres ( par leur épaisseur) mais qui marquent les esprits pour toujours au même titre que 'le vieil homme et la mer ' 'la métamorphose" - "des souris et des hommes "ou encore "Le petit prince".
C'est un livre qui va dépasser le cadre de la littérature classique car il est d'une telle modernité , d'une telle spontanéité qu'il va davantage oeuvrer pour la condition féminine que les agitations du mouvement M.L.F et va permettre une réelle prise de conscience sur ce sujet encore tabou.
Bien sûr on peut ne pas aimer l'arrogance tranchante de l'écriture de Sagan mais on ne peut en aucun cas nier l'impact de ce livre sur la libération des moeurs .
Dans les quelques pages ( a peine 150 pour l'edition de poche) qui composent le roman Sagan parvient a traîter des principaux sujets de la condition humaine l'amour - la jalousie -la réussite , la rancoeur - la vengeance mais aussi la liberté -le remords -l'egoisme -et la mort
Tout y passe et au travers des états d'âmes de la jeune Cécile c'est bien évidemment a chacune des femmes que s'adresse l'écrivain .
Malgré tout on ne peut étiquetter 'bonjour tristesse ' dans le cercle des ouvrages féministes et ce livre peut etre lu par n'importe quel homme tant l'écriture acide de Sagan dépasse le cadre de la dualité hommes/ femmes -
Pourtant Sagan gardait une certaine réserve sur cette liberté qu'elle évoquait et revendiquait dans son ouvrage et elle déclarait 25 ans apres "On a aussi peu de liberté maintenant qu'il y a vingt ans : faire l'amour était alors interdit aux jeunes filles ; maintenant c'est presque devenu obligatoire. Les tabous sont les mêmes".
Llre aujourd'hui ce petit livre épatant et formidable alors que Sagan nous quittée permet donc de prendre conscience de sa vision aiguisée sur son époque et sur ses contemporains .
Bonjour tristesse publié en 1954 pourrait tout aussi bien avoir été écrit en 1980 ou en 2000 c'est un livre qui ne reste pas figé dans son époque Bonjour tristesse n'a pas 63 ans il est intemporel .
16:36 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
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