18/08/2006
Le christianisme (partie 2)
Les missions catholiques :
L’effort missionnaire chrétien allait de pair avec l’expansion du commerce européen et la colonisation en particulier après la découverte du Nouveau Monde, la rivalité des deux puissances maritimes représentées par le Portugal et l ‘Espagne étaient telle que le pape Alexandre VI fut contraint de diviser le monde en deux zones d’influence. L’Espagne reçut le plus grand empire que le monde ait jamais connu puisqu’elle hérita de la totalité de l’Amérique Latine a l’exception du Brésil. Au côté de l’impérialisme forcené des soldats et des marchands les Franciscains jouèrent un rôle de missionnaires capital sous les ordres de Juan de Zumoragga dont l’énergie et le talent de prédication permirent la conversion de millions d’âmes à la foi chrétienne. Les principaux problèmes rencontrés par les missionnaires vinrent des colons eux-mêmes dont la cupidité, l’ambition et le racisme provoquèrent des massacres sanglants. Le plus célèbre défenseur des indiens contre l’oppression des conquérants fût le Dominicain Bartolomé de las Casas évêque de Chiapas au Mexique, c’est grâce a son action qu’aboutit la loi de Charles Quint interdisant l’esclavage et les sévices sur le peuple indien.
Portés par la contre-réforme les Jésuites débarquèrent en Amérique du Sud a la fin du XVI siècle et apportèrent un souffle nouveau au catholicisme missionnaire Ils mirent a leur actif la conversion du Brésil et du Paraguay ou ils connurent leur plus grand succès avec l’évangélisation des Guaranis. Les Jésuites groupèrent les indiens en centres communautaires appelés Réductions ou argent et propriété privée était abolies. En 1649 les jésuites formaient la république indépendante du Paraguay. Les missionnaires portugais ne connurent pas un aussi franc succès, ils créèrent un diocèse au Congo (1521) et plus tard sous l’influence des Jésuites au Mozambique (1614) mais c’est surtout aux Indes et en particulier a Goa que le Portugal concentra ses efforts. Désigné par le roi Jean III pour évangéliser les Indes portugaises le Jésuite espagnol Xavier, compagnon de la première heure d’Ignace de Loyola allait porter l’évangile chrétien jusqu’au Japon. Il faut noter qu’en dépit des troubles politiques et du fossé qui les séparaient des autres cultures, les jésuites accomplirent un remarquable travail de colonisation, au pays du soleil levant le christianisme fit tant d’adeptes qu’il fût interprété par l’empereur comme une menace pour l’identité nipponne et entraîna en 1620 une persécution de tous les chrétiens, prêtres étrangers et nippons convertis confondus. Le Christianisme était désormais réduit a néant et le japon ne pouvait plus être considéré comme un champ de mission potentiel, les jésuites ne tentèrent pas d’imposer leur foi au détriment des croyances locales et contrairement aux autres missionnaires ils préfèreront composer avec elles. Telle fût en Chine l’approche de Mattéo Ricci qui réussit a gagner la confiance de l’empereur par son savoir scientifique et obtint en 1601 un poste d’astronome et de mathématicien a la cour de Pékin, il prêcha jusqu'à sa mort (1610) présentant dans la doctrine chrétienne ce qui pouvait séduire les adeptes du Confucianisme. C’est pourquoi Il y eût beaucoup de conversions en partie grâce à une interprétation décalée de l’évangile et adaptée aux formes de pensées chinoises. La croix Chrétienne se dressa pour la première fois sur le continent nord-américain lorsque le navigateur français Jacques Cartier atteignit Terre-neuve en 1534.
Cent ans plus tard, lorsque des catholiques anglais créèrent le Maryland on pouvait penser que le catholicisme s’implanterait en Amérique du nord comme ce fût le cas en Amérique du Sud mais il n’en fût rien car entre-temps le protestantisme avait assuré son assise en Europe et ne laissait plus au catholicisme la priorité de l’activité missionnaire. En 1620 le Mayflower accoste en Nouvelle-Angleterre avec à son bord des puritains séparatistes appelés les pères pèlerins qui s’établirent a Plymouth. Loin de l’Angleterre anglicane on ne fit rapidement plus la distinction entre les Séparatistes et les puritains installés a Boston et de la fusion des deux églises naquît en 1648 le Congrégationalisme américain. Bien que cette nouvelle confession ait gagné le Middle West elle ne pouvait se comparer ni en taille, ni en importance a l’église Presbytérienne que les réformés écossais et hollandais avaient importée et qui représentait la forme la plus pure du calvinisme. A l’heure de l’indépendance américaine (1776-1783) l’église anglicane souffrit de la compétition avec les Baptistes et les Méthodistes. C’est l’un des chefs quakers William Penn qui fonda en 1681 l’état qui porte son nom, la Pennsylvanie dont la capitale fût baptisée Philadelphie (cité de l’amour fraternel).Le prestige de cette ville réputée pluraliste et tolérante attira les calvinistes hollandais, les luthériens, les réformés allemands, les baptistes et plus tard les méthodistes. La ville fût le siège du gouvernement fédéral jusqu’en 1800 et on y élabora la Constitution Américaine.
Les différentes branches du protestantisme :
Les Presbytériens
A l’origine de nature protestante hollandaise de sensibilité calviniste, le presbytérianisme s’oppose à l’épiscopalisme rejetant tout gouvernement de l’église par les évêques.
Les Puritains
Principalement des calvinistes anglais voulant purifier l’église anglicane des rites catholiques Les Puritains séparatistes, quant a eux sont ceux qui ayant rompus avec l’église Anglicane et qui s’étaient réfugiés en Hollande, en 1620, soixante dix d’entre eux débarquèrent sur le Mayflower. Pour fêter l’anniversaire de cette arrivée les pères pèlerins célébrèrent un jour de grâces le Thanksgiving était né.
Les Baptistes : doivent leur nom a l’importance attaché au baptême des adultes, la première église américaine fût fondée a Rhodes Island en 1639 par Roger William, ils sont très attachés a la bible.
Les Quakers dont le nom signifie trembleur sobriquet attribué a leur fondateur George Fox car il exhortait a trembler devant Dieu, les quakers rejettent toutes formes de violence, protestants sans sacerdoce, ni rites ni sacrements ils donnent la primauté a la lumière intérieure.
Le Renouveau
En donnant la primauté a la science et a la raison le Siècle des lumières lança un défi au christianisme en Occident.
Beaucoup de croyants, surtout des Déistes rejetèrent le mysticisme mais également les prophéties, les miracles et même l’idée de la Résurrection. Cette tendance culminera bientôt sous la révolution française avec le culte de l’être suprême et de la déesse Raison, ce renouveau chrétien fût appelé Le Revivalisme (réveil de la foi) et s’exprima a travers le Méthodisme en Grande-Bretagne, le Piétisme en Allemagne, le ‘grand réveil’ aux Etats-Unis. Le Méthodisme fût la branche la plus influente du revivalisme John Wesley (1703-1791) fils d’un pasteur anglican fonda en 1729, avec son frère Charles, le Saint- Club a l’université d’Oxford. Ce mouvement prônait l’étude et la prière méthodique (d’ou le nom de méthodisme). Le 24 mai 1738 John Wesley reçut une illumination mystique, il se lança dans une expédition missionnaire à travers la Grande-Bretagne et l’Irlande prêchant le méthodisme avec ardeur.
Le méthodisme ganga les Etats-Unis et se développa grâce a George Whitefield (1714-1770), ami de Wesley et grand orateur et c’est en compagnie du pasteur Jonathan Edwards (1703-1758) de la Nouvelle-Angleterre que ce dernier créa le courant revivaliste que l’on a appelé ‘ grand Réveil’ et qui dura de 1728 à 1750 atteignant son point culminant en 1740. Cette portée évangélique se poursuivit tout au long du XIX siècle avec pour figures principales, Charles Finney (1792-1875) et, plus près de nous Billy Graham (né en 1918) qui porta très haut la bannière du revivalisme au cours de décennies de prédications médiatiques mondialement célèbres. La portée du réveil évangéliste dépassa le salut personnel et la prédication pour prendre un véritable statut social, de nombreux missionnaires s’engagèrent pour diverses réformes (vie carcérale, soins aux malades mentaux, prostitution, aide aux aveugles ou encore conditions de travail des ouvriers.
Le christianisme en Afrique
L’implantation du christianisme en Afrique noire est un phénomène récent en comparaison des efforts développés par l’église pour s’implanter en Amérique et dans d’autres parties du globe. Les missions africaines commencèrent a la fin du XVIII siècle et les missionnaires durent faire face a l’hostilité des colons qui avaient la main mise sur la population noire. Pour cette raison l’évangélisation fût lente et peu efficace, outre la barrière de la langue, les missionnaires se heurtèrent à la difficulté de transmettre le dogme chrétien dans un contexte religieux ou animisme et magie tenaient une grande importance. La première période de l’activité missionnaire s’étendit de 1830 à 1870 avec le célèbre explorateur David Livingstone (1813-1873) qui traversa le continent d’Est en Ouest illustrant les liens entre christianisme et commerce. La 1ère fondation presbytérienne fût installée dans l’actuel Malawi et Le goût de l’aventure incarné par l’explorateur créa une intense concurrence entre les missionnaires de différentes confessions et les colons administrateurs qui durent attribuer des régions aux différents groupes religieux ; Les églises anglicanes dans les colonies britanniques et les églises catholiques romaine dans les colonies françaises et belges trouvèrent leurs avantages sur les missions méthodistes et baptistes. Les missionnaires chrétiens apportèrent un développement économique considérable (construction d’écoles, d’hôpitaux, de routes, amélioration de l’agriculture, apport de techniques nouvelles et modernes) et le nombre des convertis alla croissant cependant, l’impact du christianisme occidental sur l’âme africaine reste très discuté. A la fin de la colonisation (dans les années 50-60) les nouveaux états indépendants traitèrent les églises missionnaires avec indifférence aux profits d’églises indépendantes séparés des confessions traditionnelles qui, se développèrent assez rapidement.
Les églises africaines indépendantes
On regroupe sous cette appellation les églises spécifiquement africaines séparées des confessions traditionnelles mais malgré différentes pratiques, leur dénominateur commun était l’autonomie totale ainsi qu’une grande méfiance vivis des églises d’origine missionnaires, plusieurs églises se limitent a une seule congrégation et dépendent de l’homme qui en est le fondateur, William Harris en Côte d’Ivoire ou encore Simon Kimbangu au Zaïre, et les fondateurs de ces églises sont vénérés a l’égal des grands saints du catholicisme voire de Jésus lui-même. Ces églises attachent une grande importance à la musique ou a la danse et appliquent une forme de thérapie spirituelle procurant un sentiment d’appartenance et d’identité a une population dont la situation socio-économique est souvent dramatique.
La tradition orthodoxe
Après la rupture entre églises chrétiennes de l’Occident (Rome) et de l’Orient (Byzance) survenue en 1054 que l’on appela le schisme, l’église orientale suivit son destin basé sur le patriarcat de Constantinople, elle continua d’observer sa tradition grecque avec sa propre liturgie et ses icônes .Pendant les siècles suivants différentes branches se détachèrent du tronc commun de l’Orthodoxie correspondant aux églises nationales grecque russe, roumaine, bulgare et serbe. La plus influente fût sans doute celle de Russie fondée en l’an 989 par Vladimir de Kiev (956-1015) dont la conversion à l’Orthodoxie par des missionnaires grecs entraîna le baptême en masse des habitants de Kiev. Ses successeurs ne remirent pas en question le choix de l’Orthodoxie et continuèrent d’entretenir d’étroits rapports avec Constantinople même après l’invasion par les Mongols de Gengis Khan en 1237. Les occupants mongols présents jusqu’en 1480 firent preuve d’une grande tolérance envers l’église Orthodoxe contrastant avec la mise a sac de Constantinople par les Turcs musulmans en 1453. La chute de Constantinople eût des répercussions terribles pour l’église Grecque et l’église Russe devînt la plus puissante et la création du Patriarcat de Moscou en 1539, fit de la ville un centre religieux majeur. Le contact entre les églises orthodoxes russe et grecque reprit sous le règne de la Grande Catherine (1762-1796), l’empire russe ôta aux turcs la Crimée et la côte nord de la Mer Noire gagnant le droit de protéger les orthodoxes vivants sous la loi Ottomane. Les liens étroits entre l’état et l’église se maintinrent jusqu'à la révolution de 1917, L’église allait payer cher cette relation privilégiée tout au long des 70 ans de régime communiste durant lesquels se multiplieront campagnes anti-religieuses et persécutions. Au cours de cette période, la plupart des églises et monastères durent fermer leurs portes . Avec l’éclatement de l’Union Soviétique en 1990 un nouvel horizon semble se dessiner pour l’église Orthodoxe pourtant confrontée aux nombreux défis religieux, sociaux et culturels de notre époque.
Le rite Orthodoxe :
Savamment orchestré par le Pope et d’une grande lenteur le rite Orthodoxe est conçu pour placer les fidèles dans un univers différent du quotidien. L’assemblée participe peu mais le rythme répétitif et lancinant de la liturgie, les jeux d’ombres et de lumières crées par les chandeliers, les cierges, l’omniprésence des icônes, la fumée, l’odeur de l ‘encens et la profondeur des voix contribuent a installer une ambiance mystérieuse et envoûtante a la limite de l’hypnotique.
Le mont Athos :
Le Mont Athos situé dans la presqu’île de Calchidie au nord-est de la Grèce est le centre principal du monachisme orthodoxe. Le territoire bénéficie de son autonomie depuis 1926 et regroupe 20 monastères fondés depuis le X siècle. De nos jours 1700 moines y résident (on en comptait jusqu'à 40.000 a son apogée a la fin du XIV siècle), le premier monastère fût bâti en 963 par un moine qui devînt célèbre sous le nom de St Anatase l’Athonite. Le fleuron du mont Athos étant certainement le Monastère de Dyonisiou surplombant la mer Egée de plus de 75 mètres. Il est rattaché à toutes les églises orthodoxes (bulgares, russes) et on y conserve des manuscrits inestimables ainsi que des trésors de l’art orthodoxe. On peut distinguer 3 modes de vie chez les moines de l’Athos selon qu’ils vivent en communauté, en ascètes attachés à un monastère ou en ermites isolés.
C’est au mont Athos que s’amorça au XIII siècle le courant mystique appelé Hésychasme et consistant a utiliser une méthode de méditation corporelle (immobilité totale) en répétant inlassablement le nom de Jésus-Christ, toujours pratiquée cette prière perpétuelle est destinée a apporter la paix de l’âme et a atteindre une réceptivité propice au contact avec Dieu .
La Bible :
Jusqu’au XVIII siècle l’autorité de la bible reste incontestée par les Chrétiens puis le développement de l’exégète biblique permit de pratiquer plusieurs niveaux de lectures. Seuls les fondamentalistes s’en tiennent a une lecture littérale, intégrale voire intégriste des textes, durant le XIX les exégètes des écritures saintes suivirent le chemin tracé par les réformés protestants a savoir l’examen des manuscrits permettant de saisir le sens le plus proche de la vérité de certains passages obscurs ou contestés. Les Protestants se situent au premier rang de l’érudition biblique, certainement à cause de l’accent mis sur la responsabilité de l’individu à porter attention à la parole de Dieu. Ce sont les protestants allemands qui ont ouverts la voie a l’exégèse et développé ce qu’on appela la ‘critique de la forme ’ au début du XX siècle. David Strauss (1808-1874) écrivain et théologien fût l’auteur d’une célèbre et très controversée ‘Vie de Jésus ’ parue en 1835 et dans laquelle il assimile le personnage du Christ au rang de mythe,le scandale fût énorme et Strauss fût expulsé de l’université de Tübingen ou il enseignait. Martin Dibélius (1883-1947) s’attacha quant a lui, à analyser le discours oral et écrit afin de dégager les rapports entre les modèles d’écritures et le contexte dans lequel tel ou tel passage a été conçu et utilisé. A partir des années 50 la critique de la forme a été complétée par la l’école de la tradition orale qui analyse comment les traditions orales ont étés incorporées dans un texte ou ont influencé sa structure. Depuis 1970 les érudits bibliques ont étés rejoints par les spécialistes de critique littéraire qui étudient les qualités dramatiques de la Bible au même titre qu’ils le feraient pour une pièce de Shakespeare ou un poème de Baudelaire. La transmission de l’Evangile d’une manière populaire est une tâche a laquelle les chrétiens se sont toujours attelés de différentes manières, au Moyen-Âge, sur le parvis des églises on jouait des pièces appelées mystères qui expliquaient les textes religieux sous forme de drames. En Allemagne, la Passion d’Oberammergau met en scène tous les dix ans depuis 1633 sous une forme de théâtre populaire illustrant la Passion du Christ ou les rôles sont tenus par les habitants. Plus près de nous (1970) et sous une forme plus moderne la comédie musicale Jésus-Christ Superstar délivre le message chrétien dans un style adapté a la jeunesse de son époque. Au XVIII siècle Jean –Sébastien Bach (1685-1750) portait la musique d’inspiration religieuse a son point de perfection le plus extrême avec entre autres chefs-d’œuvre la passion selon St Jean (1722) ou encore la passion selon St Mathieu (1729). De nos jours la musique transmet le message dans des registres aussi dissemblables que l’œuvre d’un Olivier Messiaen, Bob Dylan ou encore Tracy Chapman. La Poésie est également porteuse des vérités religieuses et son langage, souvent imagé permet mieux que la prose, l’expression de l’ineffable et de l’abstrait, citons en premier lieu ‘la Divine Comédie écrite en 1321 par Dante (1265 –1321) dans laquelle l’auteur nous livre sa vision de l’enfer, du purgatoire et du Paradis. En France Charles Péguy (1873-1914) ou Paul Claudel (1868-1955) sont deux des plus célèbres écrivains et poètes emplis d’un profond message chrétien.
Le Christianisme face au monde moderne LE XX siècle aura été le témoin d’une escalade de la violence sans précédent et qui par deux fois prit la forme d’un conflit mondial 1914-1918 puis 1939-1945. Le message de paix et d’amour de Jésus est-il conciliable avec le fait de prendre les armes, même pour une guerre supposée juste?
.La 1ère et la 2ème guerre mondiale provoquèrent au sein des églises chrétiennes une remise en question car les opposants appartenant tous (à l’exception du Japon) a des pays christianisés, comment Dieu pouvait-il être des deux côtés a la fois ?. Le dilemme s’est accentué avec l’Allemagne hitlérienne vers les années 30, l’église Luthérienne apporta son soutien à Hitler qu’elle considérait comme le sauveur économique et social du pays, d’autant plus que ce dernier promis une alliance avec l’église luthérienne. Hitler acceptait également de légitimer son régime et de confier à l’église luthérienne un rôle important dans la purification morale du peuple Allemand. On vit apparaître une église antinazie dite confessante sous la conduite des pasteurs Martin Niemoller (1892-1984) et Dietrich Bonhoeffer (1906-1945) qui firent de leur église un véritable fer de lance de la résistance chrétienne face à l’idéologie nationaliste. Arrêté en 1943 Bonhoeffer fût pendu pour conspiration contre Adolf Hitler.
Après la guerre la fracture entre les alliés chrétiens et les chrétiens de l’axe, (catholiques mussoliniens et catholiques du troisième Reich) fût inévitable notamment après la terrible prise de conscience du génocide juif. Les églises chrétiennes s’étaient déjà rendues coupables d’antisémitisme a travers l’histoire mais la tragédie de l’Holocauste horrifia les chrétiens du monde entier et contribua a resserrer les liens avec le Judaïsme. L’usage de l’arme atomique a Hiroshima et Nagasaki les 6 et 9 août 1945 mit l’éthique chrétienne a rude épreuve et l’annonce des 232.000 victimes posa la question de savoir si les chrétiens contemporains étaient ou n’étaient pas des pacifistes et des partisans du désarmement nucléaire. Les chrétiens du vieux continent durent s’employer a rebâtir leurs églises que leur statut sacré n’avait pas épargné des bombardements, la tâche se révéla ardue en Allemagne ou des villes entières comme Dresde n’étaient plus que champ de ruines. Souvent on reconstruisit les églises nouvelles sur les modèles anciens mais parfois on rebâti des églises totalement modernes pour mieux illustrer le changement ( l’église Kaiser Wilhem à Berlin ) ou encore Notre- Dame du Haut conçue par Le Corbusier dans la vallée de la Saône). La recréation et la restauration de l’héritage chrétien ne concernaient pas seulement les architectes et les constructeurs mais aussi tout un tas de corps de métiers et d’artisans (charpentiers, tailleurs de pierre, menuisiers mais aussi vitriers, orfèvres, maîtres verriers, tapissiers, sculpteurs). En 1948 le conseil mondial des églises créa officiellement le conseil œcuménique des églises regroupant la quasi-totalité des églises de confessions chrétiennes a l’exception de l’église catholique qui ne reconnût le COEC (conseil œcuménique des églises de confessions) qu’ partir du Pontificat de Jean XXIII (1881-1963) qui créa un secrétariat pour l’unité. Par la suite Paul VI (1897-1978) oeuvra en faveur de l’union et organisa des rencontres avec le Patriarche Athënagoras (1886-1972) en 1964 et 1967 puis en levant en 1965 la double excommunication de 1054 mais le pape jean Paul II (né en 1920) qui lui succède ne continuera pas dans cette voie. En 1992 l’église Anglicane décida d’autoriser l’ordination de femmes prêtres, cette décision empêchait désormais tout rapprochement avec l’église catholique et orthodoxe. La tension entre traditionalistes et progressistes s’est aussi manifestée dans la pratique du culte lui-même l’église catholique romaine amorçant un virage décisif en simplifiant les rites (dès 1965) et surtout en supprimant la messe en latin.
Il est certain que pour certains catholiques ces décisions ont contribuées a une approche plus facile du culte tandisque pour d’autres elles signifient la perte du sens sacré mais au bout du compte, il semble que seule l’église Anglicane ait réussie son rapprochement avec l’église Orthodoxe installant l’Anglicanisme au carrefour du Protestantisme et du Catholicisme. Cette union fût illustrée par l’archevêque de Canterbury, leader spirituel de l’église d’Angleterre (dont la reine reste le chef suprême) . La résistance a cette modernisation est incarnée par Monseigneur Lefebvre (1905-1991) qui entraîna derrière lui les conservateurs constituant une véritable église schismatique, les prises de position de Monseigneur Lefebvre lui valurent l’excommunication de Rome
L’église moderne s’est également affaiblie par des querelles fratricides qui permirent de mesurer la distance entre église et société moderne sur des sujets délicats tels que l’ordination des femmes, la contraception, et l’avortement (qui continue de diviser croyants et non-croyants avec hommes d’églises). Face a l’histoire politique de notre siècle tourmenté et tout au long de ces dernières décennies, les églises chrétiennes furent partagées sur des thèmes aussi brûlants que la résistance armée au racisme (Afrique du Sud) ou au totalitarisme (Salvador, Nicaragua).
Le Pentecôtisme et le Renouveau charismatique : Les Pentecôtistes croient pouvoir bénéficier du don des langues que reçurent les disciples du christ par le saint-Esprit le jour de la Pentecôte. A partir des années 60 ce courant déjà centenaire a commencé a se répandre dans toute la chrétienté avec succès sous le nom de Renouveau charismatique. Parler sans les avoir apprises une ou plusieurs langues inconnues porte le terme scientifique de Glossolalie. Fort de cette tradition, les Pentecôtistes invitent les fidèles a renouveler leur baptême en appelant a eux l’effusion de l’esprit, ils laissent éclater enthousiasme et joie dans un culte très vivant qui accorde également une grande place aux guérisons, aux prophéties et aux exorcismes. Les groupes pentecôtistes sont conservateurs et fondamentalistes, ils sont vivaces en Amérique du Sud ainsi qu’en Corée du Sud et attendent de leurs baptisés qu’ils soient fidèles aux enseignements de St Paul, en référence au 1er épître aux Corinthiens ‘ je désire que vous parliez tous en langues mais plus encore que vous prophétisiez, celui qui parle en langues s’édifie lui même et celui qui prophétise édifie l’église’. Eglises et sectes dérivées du Christianisme : Adventistes du 7ème jour C’est la branche la plus célèbre des mouvements adventistes (croyants en la seconde venue du Christ) qui apparurent aux Etats-Unis a la suite de la prédication de William Miller (1782-1849). Miller ne se contentait pas de prophétiser le retour imminent du Christ car, d’après ses savants calculs il avançait avec précision une date : entre le 21 mars 1843 et le 21 mars 1844 , cette révélation déclencha un courant d’immense euphorie chez ses fidèles et les groupes adventistes pullulèrent atteignant les 100.000 membres mais ce chiffre retomba dès le lendemain du 21 mars 1844 quand il parût évident que Miller s’était trompé. Une fois passé le choc de la déception, les fidèles s’unirent pour former les Adventistes du 7ème jour , les membres de cette église parallèle croient que le Christ reviendra pour inaugurer un règne de 1000 ans au cours duquel les méchants seront anéantis tout comme Satan . En attendant ce temps béni il faut combattre Satan par l’amour de son prochain, purifier son corps et son esprit des éléments malfaisants (alcool ; tabac, viande). Ce mouvement est représenté dans le monde entier et ses publications évangéliques traduites en plus de 500 langues. Les Anabaptistes : Les Anabaptistes formèrent un mouvement a Zurich en 1525 quand George Blauroch, u ancien prêtre catholique adopta le principe du baptême des adultes (les anabaptistes niant la validité du baptême des enfants). Des Anabaptistes seront issus les Mennonites (dont le nom provient du fondateur de cette église dérivée Menno Simonz) mais également les Amish ainsi que l’église de la fraternité Huttérienne. Nombreux anabaptistes pensaient que l’établissement du Royaume de Dieu serait proclamé a Munster (Allemagne) et que cette cité serait la nouvelle Jérusalem, ils prirent le contrôle de la ville puis chassèrent les catholiques et les protestants qui refusaient de se joindre a eux. Le régime théocratique qui s’ensuivit (et dura 18 mois) mit en pratique la polygamie et la mise en commun de la propriété. Munster assiégé tomba ensuite aux mains des forces rassemblées par le Prince évêque.
Campus Crusade for Christ : C’est l’une des plus grandes organisations missionnaires. Elle est basée en Californie et représentée dans des centaines de campus d’universités et collèges à travers toute l’Amérique du nord. Campus Crusade for Christ débuta en 1950 et son fondateur est Bill Bright, son ambition est d’étendre le mouvement au delà des frontières américaines. Il développa l’idée d’un film intitulé Jésus ’fondé sur l’évangile selon Saint-Luc et trouvé un magnat américain Baker Hunt qui garantit le projet apportant les dix millions de dollars nécessaires a la production. Ce film, doublé en plus de 100 langues fut visionné par plus qu’un milliard de spectateurs. Campus Crusade f emploie 2500 correspondants a plein temps dans 150 pays, prônant un christianisme conservateur et incarnant a lui seul l’évangélisation protestante américaine.
Témoins de Jéhovah : Fondée par Charles Taze Russel (1852-1916) a Pittsburgh (Pennsylvanie) puis dirigée par Joseph Rutherford (1869-1941) cette secte est un exemple américain de religion millénariste. Les témoins de Jéhovah croient en l’imminence de l’armageddon (nom donné dans l’Apocalypse a la bataille finale des nations) et au fait, qu’eux seuls régneront sur terre avec Dieu tandis que les autres églises seront gouvernées par Satan. Ils suivent a la lettre l’interdit biblique de manger du sang (lévitique) (d’ou leur refus des transfusions sanguines) et rejettent plusieurs dogmes essentiels du christianisme orthodoxe comme la Trinité et la nature divine de Dieu. Leur évangélisation est pacifique et passe en grande partie par le porte à porte et la publication de revues intitulées la tour de garde ou réveillez vous qui se proposent d’interpréter les grands événements du monde a la clarté des prophéties bibliques. Le vieil ordre Amish Ce mouvement naquît en Suisse en 1690, d’une scission d’avec les mennonites, leur doyen Jakob Ammann (1644-1725) prenant la direction du groupe dissident qui coupa tout contact social avec les membres de l’église excommuniée.
Les communautés amish ne sont uniformes dans leurs croyances, leurs pratiques ou leur mode de vie et croient ne pouvoir obtenir leur salut qu’a l’intérieur de la communauté, la doctrine amish est essentiellement basée sur la stricte obéissance a la Bible, la non résistance, la conception du Christ comme modèle suprême, et la défiance de tous les plaisirs, amusements et vanités du monde actuel. Si beaucoup de communautés amish d’Europe sont rentrées au bercail mennonite, les Amish émigrés aux Etas-Unis ont quant a eux conservés leur mode de vie séparé et sont implantés en Pennsylvanie, dans l’Ohio, le Delaware, le Michigan et l’Indiana. Ils se distinguent par leur anachronisme, ils s’habillent a l’ancienne refusant d’utiliser les inventions modernes comme l’automobile l’électricité ou encore le téléphone.
Mormons ( ou église de Jésus Christ des saints des derniers jours)
Ce mouvement a été fondé en 1830 a New York par Joseph Smith (1805-1844), un visionnaire qui se flattait d’avoir traduit le livre des mormons, un texte ancien contenant la sagesse perdue qui parachevait la bible. Il prétendait également avoir traduit avant sa mort le livre d’Abraham, antique manuscrit égyptien découvert sept ans plus tôt. Basé dans l’Utah à Salt Lake City depuis 1846, les mormons proscrivent le tabac, l’alcool, le café, le thé et accordent une grande place au sport, au divertissement et aux jeux éducatifs. A la différente des nouvelles religions américaines de l’époque l’église des Mormons fait place a une hiérarchie très élaborée, pour les Mormons, Jésus Christ est révélé aux premiers immigrants aux Etats-Unis et c’est là qu’il établira son Millénium. 80% vivent sur le sol américain, les 20% restants sont installés au Canada, en Amérique du Sud, Europe et Océanie.
Scientistes chrétiens (église du Christ ressuscité) Fondé par Mary Baker Eddy (1821-1910) en Nouvelle-Angleterre ce mouvement vise a rendre le christianisme plus scientifique en développant un mode de guérison spirituelle utilisé par Jésus lui-même et par les premiers apôtres et dévoilé par Mary Baker Eddy dans son ouvrage ‘Science et santé avec la clef des écritures’ (1875). L’enseignement scientiste repose sur le fait que la matière n’est qu’illusion, l’esprit seul étant réel d’ou la conviction que souffrance et mort ne sont que mentales donc illusoires. Ils rejettent donc les doctrines orthodoxes du pêché et de la rédemption jugées irréelles, la philosophie religieuse de Mary Baker Eddy doit beaucoup a celle du philosophe Suédois Emmanuel Swedenborg (1688 1722) particulièrement en ce qui concerne le lien mystique qui relie toutes choses et la perception que la maladie n’est qu’une traduction de la dissonance spirituelle. Les cultes de l’église scientiste sont simples et axés sur la lecture des écrits de sa fondatrice, le mouvement a gagné l’Europe et une partie du tiers-monde. Edité a Boston, le journal des scientistes chrétiens Christian Science Monitor est un quotidien d’informations international.
Les Mennonites : Ils sont les descendants directs des anabaptistes, Une secte réformée du XVI siècle. Il professent un pacifisme absolu et pour se démarquer des anabaptistes plus radicaux s’appuient sur de nombreuses confessions de foi dont la plus célèbre est ‘l’Union fraternelle’ (1527) qui décrète que la Bible est l’autorité suprême et rappelle que la seconde naissance sous la forme du baptême des adultes est essentielle a la foi. Persécutés par les églises officielles pour leurs vues jugées anarchistes et pour leur mode de vie, les Mennonites émigrèrent d’Allemagne du nord a travers la Hollande, la Pologne et la Russie pour atteindre les Etats-Unis, leur nombre est d’environ 750.000 dans le monde et ils se sont spécialisés dans les tâches et métiers agricoles, leur branche la plus conservatrice mais toutefois dissidente est l’ordre Amish qui s’oppose farouchement au monde des affaires.
Fraternité Huttérienne :
Ce système a résisté aux nombreuses migrations, forcé de fuir les persécutions (Hutter, le fondateur lui-même, fût condamné au bûcher en 1536), qui l’ont conduit de sa Moravie natale a l’Amérique du Nord en passant par la Russie. C’est dans l’ouest rural américain que les Huttériens s’implantèrent finalement, les communautés huttériennes croient que seuls ceux qui vivent en rejetant la propriété privée et en partageant les biens pratiquent le véritable christianisme. Leur pacifisme est absolu et il pratiquent le baptême des adultes Les cultes se déroulent en Allemand ou en Anglais mais la langue utilisée au quotidien est un dialecte tyrolien, ils n’attachent pas d’importance a l’enseignement au-delà de l’école primaire, enfin dès qu’une colonie atteint 150 membres c’est la scission et une colonie nouvelle est formée sous la direction d’un chef nommé comme guide spirituel.
Aladura
Les Aladura (ceux qui prient) comptent parmi les plus importantes églises indépendantes d’Afrique, elles sont l’œuvres des prophètes guérisseurs qui apparurent au Nigeria après la première guerre mondiale, puis de là, s’implantèrent en Afrique Occidentale puis de façon plus confidentielle en Europe et aux Etats-Unis. Les pionniers de la fondation de l’église Aladura sont Moses Orimolade (Baba Aladura) et Abiodun Akinsowon (capitaine Abiodun), tous deux venant du Sud –ouest du Nigeria. Les églises Aladura ne rejettent que peu de choses des doctrines du christianisme traditionnel et c’est surtout dans le domaine du rituel qu’elles s’écartent de la ligne des missions officielles car elles autorisent la polygamie. En 1922 une scission créa le tabernacle de la foi puis l’expansion culmina dans les années 30 sous le mouvement de la guérison divine de Joseph Babaola. Les deux plus célèbres églises Aladura datent de cette époque l’église du Seigneur et la Société des Chérubins et des Séraphins.
Eglise Copte
Selon la tradition, Saint-Marc l’évangéliste fût le fondateur et le premier patriarche de cette église dont le nom provient du mot désignant les égyptiens (Aiguptos qui devient gift en arabe) puis, au final occidentalisé en Copte. L’église possède son propre calendrier de martyrs témoignant des persécutions dont elle fût victime sous Rome, l’an I du calendrier copte correspondant à 284 après Jésus christ. L’église copte créa plusieurs centres de formation théologiques prestigieux dont l’école de Catéchèse d’Alexandrie ou furent exposés pour la 1ère fois des thèmes au
16:25 Publié dans Culture, Société | Lien permanent | Commentaires (0)
Écrire un commentaire