28/01/2006
Flaubert , encore !
Quelques lignes absolument somptueuses extraites de la deuxième partie de madame Bovary ,le chef d'oeuvre de Flaubert juste pour rappeller ce que grande littérature et génie littéraire signifient .
Alors on vit s'avancer sur l'estrade une vieille femme de maintien craintif et qui paraissait se ratatiner dans ses propres vêtements.
Elle avait aux pieds de grosses galoches de bois et le long des hanches un grand tablier bleu ,son vidage maigre entouré d'un béguin sans bordure était plus plissé q'une pomme de reinette flétrie et des manches de sa camisole rouge dépassaient deux longues mains a articulations noueuses.
La poussière des granges ,la potasse des lessives les avaient si bien encroutées , éraillées , durçies qu'elles semblaient sales quoiqu'elles fussent rinçées a l'eau claire et a force d'avoir servies elles restaient entrouvertes , comme pour présenter l'humble témoignage de souffrances subies.
quelque chose d'une rigidité monacale relevait l'expression de sa figure ; rien de triste ou d'attendri n'amollissait ce regard pâle .
Dans la fréquentation des animaux elle avait pris leur mutisme et leur placidité.
C'était la première fois qu'elle se voyait au milieu d'une compagnie si nombreuse et intérieurement éfarouchée par les drapeaux , par les tambours ,par les messieurs en habit noir et par la croix d'honneur du conseiller elle demeurait toute immobile ne sachant s'il fallait s'avancer ou s'enfuir .
Ainsi se tenait devant ces bourgeois épanouis ce demi-siècle de servitude
Gustave Flaubert : Madame Bovary (extrait )
15:20 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
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