01/01/2007
R.I.P James Brown (1933-2006)
Le jour de Noël 2006 la communauté noire du monde entier a perdue l'une de ses idoles, l'un de ses personnages les plus emblématiques. Un petit cireur de chaussures devenu un dieu vivant de la musique funk a tiré sa révérence et chacun de ses frères de couleur pleure la perte irremplaçable de James Brown. Né en 1933 à Augusta en Géorgie le petit James va suivre un chemin peu conventionnel avant de trouver sa voix spirituelle. Ramasseur de coton, boxeur, rabatteur pour maquereaux, il se retrouve en prison des l'age de 16 ans et c'est là et en non pas a l'église comme bon nombre de ses contemporains que sa carrière musicale va démarrer. C'est en effet derrière les barreaux qu'il rencontre Bobby Byrd un autre petit dur avec lequel une fois libéré il va former son premier groupe The Starlighters qui deviendra par la suite The Famous Flames .Le premier titre qui va amorcer sa carrière sera Please ,please ,please qui grimpe haut dans les charts rythmn's and blues. Ce titre sera l'étincelle qui va mettre le feu et celui que l'on va surnommer Mr Dynamite va bâtir peu a peu sa légende tout au long des années soixante en proposant des albums studios gorgés de hits ahurissants (papa 's got a brand new bag - I feel good- It's man man 's world -Try me ) et des lives brûlants (la série des live at the Apollo restant a ce jour encore une référence absolue en matière de disque live) Le jeu de scène de James Brown est sans égal , il entre (et sort ) de scène comme un boxeur ;court , saute , trépigne , harrangue le public ,se jette a terre et termine a la limite de l'évanouissement , mais le Godfather sait aussi s'entourer des meilleurs musiciens comme Macéo Parker ou Bootsy Collins qu'il dirige d'une main de fer a la limite parfois même de la tyrannie ).
A la fin des années soixante il va passer du statut de grand artiste a celui de véritable icône lorsque lassé de voir le peuple noir souffrir du racisme et de la ségrégation tout en partant mourir au Viêt-Nam il balance a la face du monde un titre historique qui lui configure aussitôt une dimension universelle. 'Say it loud i'm black I'm proud !(dis le fort je suis noir et j'en suis fier! ) . Cette chanson devient aussitôt l'hymne du Black-power et l'une des chansons les plus emblématiques du peuple noir (a égalité avec le fantastique Am I Black enough for you ? du trop sous estimé Billy Paul. Quoiqu'il en soit , ,James Brown acquiet alors une dimension politique nouvelle ,il intervient apres l'assassinat de Martin Luther King le 4 aout 68 pour calmer les émeutiers puis a Washington il sillonne les rues scandant des messages d'appel au calme et a la tolérance;il ira a la maison blanche demander au président Lyndon Johnson l'autorisation de partir avec son groupe chanter pour les troupes au vietnam ,une tournée de trois dates qui se fera dans des conditions extrêmesé ( il fallait lui injecter du lait de sodium pour éviter la déshydratation ) avec notamment un dernier concert donné a la base militaire de bear Cat au milieu des bombardements viet-congs. Il est incontestablement pour le peuple afro-américain l'égal d'un Malcolm X ou d'un Martin Luther King et a l'image de Muhammad Ali quelques années plus tard il symbolise l'artiste noir qui prend sa revanche sur le peuple blanc .N'hésitant pas a s'autoproclamer Soul Brother N°1 il crée un personnage fantasque a l'égo démesuré qui revendique sa réussite (il avait coutume de dire :" j'ai commencé comme cireur de chaussures en face d'une station de radio aujourd'hui la station de radio m'appartient "). .Dans la foulée sort 'Sex machine ' un disque qui va devenir un album fondamental de la musique noire 'une tour de Babel du funk.C'est sur ce disque phénoménal que l'on retrouvera l'immortel Get up I feel like being a Sex Machine titre qui va conquerir toute la planète. C'est également a cette période que l'on voit découvre Bootsy Collins jeune prodige musical de 18 ans tout frais débarqué de Cincinnati pour remplacer au pied levé Macéo Parker en froid avec james Brown . Surfant sur la vague de la Blaxploitation James Brown va dominer la scène signant la même année (1973) deux bouillantes bandes originales de films (Black Caesar et Slaughter big rip off ) ainsi qu'une quantité d'albums dont certains comme there it is (1972) ou The payback (1974) sont des chefs d'oeuvre de la musique funk .L'arrivée de la vague disco va pourtant stopper net l'ascension de james Brown qui reste sur le carreau ;il apparait en guest-star dans le film musical 'the Blues brothers 'ou il incarne un pasteur mémorable puis retrouve la voie du succès en anticipant la vague du rap ,mouvement qui contrairement au disco va se réclamer de son influence Rapp payback enregistré en 1981 va sonner le renouveau de Mr Dynamite .Associé au leader de la Zoulou Nation Afrika Bambaata il enregistre en 1984 un single Unity qui renforce sa crédibilité aupres du jeune public qui voit en lui le parrain d'un mouvement musical qui est en train de conquerir l'Amerique. Son apparition dans le film Rocky IV ou il chante 'Living in America ' justifie a elle seule la vision de ce film pourtant médiocre . Il va au cours des années devenir l'artiste le plus samplé de l'histoire de la musique ;des passages de nombreuses chansons vont etres utilisées ,echantillonnées dans plus de 600 morceaux de rap , de hip-hop ou de rythm and blues .Mick Jagger ou Iggy Pop (qui s'y connaissent en prestations scèniques) le reconnaissent comme LE maître absolu de la scène mais au dela de la présence scénique exceptionnelle de james Brown c'est toute sa musique qui a révolutionné le monde musical.
C'est apres la publication de son autobiographie (1988) que va se produire ce qui va devenir une longue descente aux enfers, en effet les années 90 vont etre les plus terribles de toute sa vie ; les excès en tout genres (drogues dures , alcool) et son penchant pour les armes a feu lui font perdre pied ; il est impliqué dans une sordide histoire de tentative de meurtre sur son épouse ;il est arrété a de nombreuses reprises en état d'ébriété et a l'occasion d'une course poursuite il tire sur les forces de police avant d'etre finalement maitrisé et incarcéré. En prison il écoute du rap et du hip-hop et soigne sa toxicomanie et son addiction a l'alcool.Après sa libération sur parole en 1991 il décide de militer contre la drogue qui a failli lui couter la vie au cours des années passées puis difficilement il repart en tournée ,publie en 1992 un live exceptionnel (enregistré en 1971 a l'olympia de paris) et au cours des quinze dernières années de sa vie se produit dans des shows ou malgré le poids des ans et une santé considerablement affectée par les années noires il ravit le public par des prestations a la hauteur de l'artiste exceptionnel et unique qu'il aura toujours été.Une pneumonie aura eu raison du Godfather of Soul le jour de Noel 2006 ,ce jour la le dieu vivant est devenu mortel. Paix a son Ame!
James Brown - Papa 's got a brand new bag
James Brown - Please ,please ,please
James Brown - 'The Boss '
05:50 Publié dans Culture, Musique, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : james brown, soul, funk