Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

16/12/2005

L'insoutenable légéreté de l'être (Milan Kundera -1984)

 

L'idée qu'il ne pouvait absolument rien faire le plongeait dans un état de stupeur mais en même temps le tranquillisait .Personne ne l'obligeait a prendre une décision ;il n'avait pas besoin de contempler le mur  de l'immeuble d'en face et de se demander s'il voulait ou ne voulait pas vivre avec elle , Tereza avait  elle même décidé de tout.

Il alla déjeuner au restaurant ,il se sentit triste mais ,  pendant le repas son désespoir initial parût se lasser comme s'il avait perdu de sa vigueur  et qu'il n'en restât que la mélancolie. Il jetait un regard en arrière  sur les années passées avec elle et se disait que leur histoire  ne pouvait pas mieux se terminer  ,l'eût -on inventée ,on n'aurait pu la conclure autrement .

Un jour Tereza était venue chez lui sans prévenir  puis un jour elle était repartie de la même manière ,elle était arrivée avec une lourde valise  ,avec une lourde valise elle était repartie .

il paya , sortit du restaurant  et alla faire un tour dans les rues plein d'une mélancolie de plus en plus délicieuse ;il avait derrière lui sept ans de vie avec Tereza et voilà qu'il constatait que ces années étaient plus belles dans le souvenir qu'a l'instant ou il les avaient vécues

L'amour entre lui et Tereza était certainement beau mais aussi fatiguant ; il fallait toujours trouver , cacher quelque chose  , dissimuler ,feindre ,réparer ;lui remonter le moral ;la consoler ;lui prouver continuellement qu'il l'aimait  subir les reproches de sa jalousie , de sa souffrance et de ses rêves , se sentir capable , se justifier , s'excuser  ,maintenant cette fatigue avait disparue et il ne restait que la beauté.

La soirée du samedi commencait  et  pour la première fois il se promenait seul  et aspirait le parfum de sa liberté ,l'aventure guettait a chaque coin de rue et l'avenir redevenait un mystère.

Il revenait a la vie de célibataire , cette vie a laquelle il était certain autrefois d'être destiné car c'était la seule ou il pouvait être  tel qu'il était vraiment . Il avait vécu enchaîné a Tereza pendant sept ans et elle avait suivi du regard chacun de ses pas , a présent ses pas étaient soudain devenus plus légers ,il planait presque , il se trouvait dans l'espace magique de Parménide , il savourait la douce  légéreté de l'être mais dès qu'il se retrouverait avec une autre il savait d'avance que le souvenir de Tereza lui causerait une insoutenable douleur .

 

Milan Kundera -l'insoutenable légéreté de l'être (Extrait )

05:15 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

Écrire un commentaire